Au cœur du quartier de Saint-Henri, se dresse désormais un grand bâtiment de 112 unités locatives. Pour Logifem, ce ne sont pas moins de 35 logements permanents qui sont mis à la disposition de 35 femmes en situation d’itinérance ou à risque de l’être, des femmes seules ou de mères de familles monoparentales. Encore une belle nouvelle étape pour notre organisme !
Le projet LoReLi, développé conjointement par Logifem, Libr’Elles et La Maison des Rebelles et soutenu par la Société d’Habitation du Québec, la Société Canadienne Hypothèques et Logement ainsi que par la ville de Montréal, répond à la crise du logement qui ne cesse de s’intensifier depuis la pandémie et vient en aide aux laissées pour compte.
Après les premiers emménagements chez Les Voisin.e.s du Canal, nous nous sommes assis avec Hélène Bertocchi, organisatrice communautaire à Logifem depuis plus de deux ans. Hélène est également l’une des organisatrices principales du projet des ‘Voisin.es du Canal’.
Qu’est-ce que projet des Voisin·es du Canal représente pour Logifem?
H : Ce projet de logements permanents, c’est notre dernier bébé à Logifem. C’est une grande fierté puisque c’est notre premier projet de logements permanents. Nous ne proposions jusqu’ici que des logements en centre d’hébergement et des appartements de transition où les femmes ne peuvent rester que jusqu’à 3 ans. Donc Les Voisin·es du Canal, c’est une solution qui répond à la crise du logement et aux difficultés pour ces femmes seules et ces mamans de trouver un logement pérenne, stable, sécuritaire, en bon état, pas trop cher. Elles méritent ça.
D’où vient l’idée de ce projet?
H : Notre directrice générale, Sally Richmond, avait à cœur de développer l’offre de Logifem. Au sein de l’organisme, on pouvait se rendre compte que certaines femmes finissaient par revenir dans nos logements temporaires après plusieurs années, que le cycle de l’itinérance pouvait recommencer, que peu de solutions s’offraient à ces femmes après les logements temporaires. Et plus globalement, la crise du logement s’intensifie, les listes d’attente pour avoir un hébergement sont de plus en plus énormes.
Cette idée de logements permanents a donc germé dans la tête de Sally. Elle s’est rapprochée d’un organisme expert dans la coordination de la réalisation de logements communautaires, ‘Bâtir son quartier’. Ensuite, est arrivée l’étape de recherche d’un projet de construction qui correspondait à notre identité et à nos besoins. Le site au 4700 a été identifié et Logifem, La Maison des Rebelles et Libr’elles se sont mises ensemble pour chercher des bailleurs de fonds et développer le projet, avec l’accompagnement de Bâtir son quartier.
Quel rôle joue-tu dans ce projet?
H : Mon rôle a d’abord été de sélectionner les locataires avec l’aide d’un comité de sélection créé spécifiquement pour l’occasion. C’est un comité regroupant des employés et des bénévoles de Logifem. J’ai aussi organisé plusieurs réunions d’information qui se sont tenues à Montréal pour justement présenter notre projet, aller chercher des organismes partenaires parmi les organismes spécialisés en violences conjugales, en itinérance, en problématiques de dépendance et dans divers secteurs proches du notre.
Tu as mentionné un comité de sélection, comment ont-ils procédé à la sélection des locataires?
H : On a reçu plus de cent demandes alors que nous avionstrente-cinq logements disponibles. Une fois de plus, ça montre bien le besoin criant de logements. Cétait très difficile d’évaluer toutes ces personnes-là, qui sont toutes dans le besoin. Il a fallu faire des choix parmi les situations, ça n’a pas été facile. On a décidé de faire cette sélection en s’appuyant sur un système de pointage à plusieurs niveaux pour être le plus objectif possible.
Au premier niveau, il fallait répondre au Programme de Supplément du Loyer, (ndlr : aide financière portée par le Gouvernement du Québec qui permet à des ménages à faibles revenus ou à des OBNL de payer un loyer qui correspond à 25% de leur revenu). Donc là, il y a plusieurs critères, comme le statut migratoire par exemple, le statut étudiant, le nombre de personnes dans le ménage ou encore le revenu annuel et l’historique de dettes. Ces critères sont imposés par l’Office Municipale d’Habitation de Montréal (OMHM). Donc, ça nous fait éliminer déjà une certaine partie des femmes qui sont en difficulté.
Une fois avoir établi l’admissibilité au PSL d’une candidate, quelle est la prochaine étape?
H : On reçoit ces candidates en entrevue et là, on va avoir deux grands critères à évaluer : à savoir, le vivre ensemble – puisque ce sont des appartements communautaires, et l’autonomie – puisque ce sont des logements autonomes. Dans l’idée des Voisin.es Canal, l’identité, c’est aussi d’être une bonne voisine. Donc c’est pour ça qu’on a ces critères d’évaluation du vivre-ensemble. Et puis, on va évaluer l’autonomie de la candidate en termes de santé mentale et santé physique aussi. Et puis, notre programme s’adresse aux personnes qui sont en situation d’itinérance ou qui sont à risque de l’être ou de le devenir. Ce critère est pris en compte aussi.
Quel sera ton rôle au sein des Voisin·es du Canal, une fois l’emménagement terminé?
H : Rendue à l’entrée en logement, mon rôle continuera un peu différemment. L’idée est de faire en sorte de créer cette communauté, de s’assurer que tout fonctionne bien. Les Voisines du Canal seront de grandes musiciennes, puis moi, je serai chef d’orchestre pour permettre de bien faire fonctionner cette communauté, pour pouvoir intervenir dans la résolution de problèmes en cas de besoins, pour faire en sorte que tout fonctionne bien entre elles et pour elles, et pour animer ce petit monde, le rendre vivant, pour faire en sorte que la musique soit bonne, en somme.
L’immeuble des Voisines du Canal est situé au centre du quartier Saint-Henri, un quartier rempli de ressources communautaires auxquelles les Voisin.es du Canal auront accès.
H : On a la chance d’être au cœur d’un quartier vraiment dynamique. Nous avons le centre récréatif et sportif en face de notre immeuble où beaucoup d’activités sont proposées, que ce soit pour les adultes ou pour les enfants. On y retrouve aussi plusieurs organismes communautaires à l’intérieur. C’est un endroit extrêmement dynamique, vraiment vivant. Dans le quartier, on peut aussi retrouver plusieurs banques alimentaires et organismes communautaires.
Ce n’est pas toujours facile de franchir la porte d’une banque alimentaire, mais de le faire à plusieurs, de le faire entre voisines, entre copines et puis, d’être motivée par une organisatrice communautaire qui va mettre un peu de moteur à tout ça – « Allez les filles, aujourd’hui on va ensemble à la banque alimentaire! » Ça prend ta part de courage, mais l’idée c’est de pouvoir facilité ce genre de choses en créant des liens, en se protégeant, en augmentant nos facteurs de protection et nos facteurs de sécurité.
Pour les futures Voisines du Canal, que représentent les avantages de vivre en communauté?
H : Vivre en communauté, c’est développer un sentiment d’appartenance. Et le sentiment d’appartenance à une communauté, c’est un facteur de protection extrêmement puissant contre beaucoup de choses. Le fait de développer un sentiment d’appartenance, d’être dans une grande communauté que nous construisons, c’est comme un cadeau. Donc, je pense que c’est ce sentiment d’appartenance qu’on développe au sein des Voisines du Canal, c’est une des plus grandes richesses de ce projet qu’on pourra apporter à ces femmes.
Les nouvelles Voisin.es du Canal ont commencé à emménager dans notre nouvel immeuble, Logifem est fière d’offrir cette belle ressource aux personnes en situation d’itinérance ou qui sont à risque de l’être et de participer au développement de logements permanents et abordables dans Montréal.