Aujourd’hui, on s’entretient avec Sophie, une de nos futures résidentes chez les Voisines du Canal. Avec l’inflation et la crise du logement, Sophie, retraitée, risquait de se retrouver à la rue à la fin de son bail. Grâce au projet des Voisines du Canal, Sophie aura accès à l’un de nos 35 logements permanents.
Sophie nous parle du parcours qui l’a amenée au moment de l’entrevue, à quelques semaines de recevoir les clés de son nouvel appartement.
« J’ai commencé par faire une demande de subvention auprès de l’office de l’habitation et j’ai aussi fait une demande ici à Logifem. Et ce qui m’a vraiment plu dans ce projet-là, c’est le fait que ce soit construit autour des femmes en situation de précarité. Je me considère fragile – j’ai un trouble de la personnalité, j’ai été victime de violences dans ma vie et j’ai encore des séquelles – je me suis vraiment reconnue parmi cette clientèle cible. »
Comment vous sentez-vous à l’idée de vivre en communauté et avec des femmes ayant des passés difficiles également?
S : J’accueille ça d’une façon positive, c’est une occasion d’être soi-même entre nous. D’ailleurs, lors de la première entrevue – où Hélène [ndlr, l’organisatrice communautaire du projet des Voisines du Canal] m’a dit « sois honnête, tu es dans un safe space », à ce moment-là, j’étais proche des larmes parce que le safe space quand on est fragile et qu’on a subi des violences, c’est quelque chose qu’on ne connaît pas. Cet esprit de communauté-là, ça répond à ce besoin de créer un safe space pour des femmes fragiles.
Cet aspect communautaire, c’est d’ailleurs ce qui m’a aussi intéressé dans ce projet-là. Il y a vraiment une envie de créer une communauté, de se connaître, de faire des choses ensemble. […] C’est de l’entre-gens, c’est du caring comme on dit en anglais, c’est vraiment prendre soin des relations avec les autres afin que tout le monde soit content, que tout le monde soit en sécurité.
Qu’est-ce que la sécurité de logement représente pour vous?
S : C’est tout! Je me pince de voir combien les logements ont augmenté, c’est ridicule! Et moi, je suis à la retraite maintenant, donc j’ai un revenu extrêmement minime et il y a zéro possibilité dans le marché actuel pour moi. Au mois de juillet, si je n’avais pas Logifem, je ne sais pas ce que j’aurais fait. Cette insécurité-là, il y a plein de gens qui la vivent en ce moment et je pense que ça a un fort impact sur la santé mentale de notre société. De te dire qu’il est possible que tu n’aies bientôt plus un toit au-dessus de la tête parce que tu ne peux pas le payer… Ça ne contribue pas à la sérénité d’esprit. C’est aussi basique que ça. Donc ça, je l’évite grâce à ce projet-là. C’est vraiment un cadeau du ciel. Ça représente tout.
Sophie emménagera au cours du mois. Maintenant à la retraite, elle accueille à bras ouvert cette nouvelle étape de sa vie. Sophie tient à profiter de cette période et de cette oasis de paix, de soutien, et de créativité pour travailler sur ces projets personnels et artistiques.
